La prophétie d'Héliand [collectif]

Introduction :

Je me trouve au milieu d'un champ de bataille complêtement démuni d'armes ou de protection, le moindre coup et je me fais tuer. Qu'est-ce que je fais là ? Une armée humaine lutte contre une armée de morts-vivants. Au milieu de tous, je ne suis ni pour les uns ni pour les autres et donc je ne tarderais pas à me faire lacérer des deux côtés. Je ferme les yeux lorsque l'impact arrive et je me retrouve au dessus du terrain, je peux voir la violence accrue par les coups des soldats et des morts-vivants, se tuant et se retuant sans pitiés !

Des météores, cette fois, se sont des météores qui tombent sur le terrain. L'un d'entre eux finit par me tomber dessus et je me retrouve de nouveau au sol les deux pieds collés dans le sable du désert toujours au milieu de ces deux groupes qui s'opposent. Les météores ont fait de nombreux morts mais encore bien trop de monde est debout et cette fois, c'est un séisme qui a lieu. Un séisme d'une puissance sans égale : la terre s'ouvre, des entailles apparaissent, des soldats tombent dedans et la terre elle même se referme sur eux se réouvrant à d'autres endroits. Je me retrouve rapidement suspendu au dessus du vide sans plus comprendre ce qu'il m'arrive.

Pour finir, la terre c'est refermé, le ciel c'est calmé, les deux clans sont face à face, la dernière vague est sur le point d'être lancée. Je regarde mais mains, elles sont transparantes : je n'existe pas, ou je n'existe plus, je ne sais pas. Entre les morts et les vivants se dresse une femme ravissante, que fait-elle là ? Elle va se faire tuer ! J'essaie de la prévenir mais aucun son ne sort de ma bouche, je me rapproche pour qu'elle puisse me voir ou m'entendre : il faut qu'elle s'enfuit avant qu'elle ne se fasse tuer ! En me rapprochant, je m'aperçoit que son visage est couvert de larmes mais, malgré cette tristesse palpable, elle est déterminée, oui, déterminée mais à l'emplacement où elle se trouve, la seule détermination que nous puissions avoir, c'est la mort. Pourquoi voudrait-elle se sacrifier de cette manière ? Qu'avait-elle subi ? Je ne le saurais probablement jamais...

Cette femme lève une main vers le ciel, un éclair tombe sur elle dans sa main et une vibration s'ensuit et ouvre le sol autour d'elle. La magie était impressionnante, mais était extrêmement difficile à matérialiser. Pourtant elle venait de réussir à faire un sort d'une puissance phénomale sans faire d'effort, qui peut bien être cette femme ? A quelle époque suis-je ? Mes questions reste cependant sans réponse : les failles s'illuminent et une puissance magique hors du commun entoure la seule femme du terrain et la cache. Les deux armées sont maintenant à l'arrêt, stupéfaites de ce qu'il se passent sous leurs yeux. Toute la lumière qui entourait cette femme se deverse sur les deux armées pour tous les annihiler. Il ne reste ensuite que quelques rares survivants en très mauvais état sauf un guerrier, un guerrier en noir. Il semble très puissant voire plus que cette femme. Il lui adresse la parole dans une langue incompréhensible pour moi, elle lui répond dans la même langue. Leur voix résonne en échos dans toute la plaine désertique où plus personne ne vit maintenant.

L'homme en noir et la femme en blanc continuent de se parler mais le ton est plus du style de l'incantation que de la parole, il en résulte un chaos incroyable, le sol devient entièrement blanc, le ciel entièrement noir et deux éléments se battent, les deux éléments les plus anciens du monde : les ténèbres et la lumières. Deux éléments opposés et aussi puissants que leur âge.

A l'impact des deux éléments, une explosion apocalyptique survient, un mélange de blanc et de noir me coupe du monde et tout disparait dans le néant...

J'ouvris les yeux et je me redressai, mon front ruisselant de sueur, je poussai les couvertures sous lesquelles j'étais et je m'asseois sur le bord de mon lit en prenant ma tête dans mes mains en réfléchissant :

*Encore ce rêve ? Pourquoi je n'arrête pas de faire ce même rêve toutes les nuits ? Que peut-il signifier ? Je suis sûr que c'est le passé mais je n'ai rien trouvé sur ce qu'il s'est passé, rien d'autre que les détails de la guerre. Il est juste dit qu'elle a commencé rapidement sans crier garde et qu'elle s'est terminé en unissant de coeurs, deux éléments et deux camps complètement opposés... Ce livre n'est qu'une légende mais d'après lui, cette guerre se serait déroulée il y a maintenant un peu plus de 1000 ans. C'est dommage que les dernières pages aient été arrachées... J'aurais bien aimé voir la fin de la prophétie... Peut être que le roi a une copie du livre, je devrais... Non, je rêve encore, comment j'approcherais le roi alors que je me fais craché dessus en passant devant la tour où il siège ? Encore une fois, je me pose trop de question...*

Je me levai et, malgré la nuit, j'ouvris la fenêtre puis les volets. Je regardai l'extérieur : on pouvait voir tout le royaume où j'habitais. Je vivais dans un chateau malgré que je n'ai aucun lien avec la famille royale. J'étais à la rue car mes parents n'avaient plus assez d'argent pour nourrir tout le monde et je n'allais pas tarder à mourir de faim lorsqu'un homme me recueillit. Il a été très gentil avec moi et m'a emmené vivre dans le chateau, chez lui. Cet homme était le neveu du roi mais, comme en témoigne le lit vide dans la chambre où je suis actuellement, il n'était pas encore revenu dormir ce soir. Il faisait des missions pour le roi tout le temps et n'avait plus de temps à lui. Il ne pouvait même plus s'occuper de moi mais je ne lui en voulais pas : grace à lui j'étais encore en vie. En regardant le paysage depuis le 5ème étage du chateau, j'eu alors une idée :

*Même s'il ne rentrait presque jamais, je pourrais essayer de lui demander s'il pouvait s'arranger pour me récupérer les pages du livre qu'il me manquait pour le finir ! Il ne pourrait pas refuser ! Il ne m'a jamais rien refusé et en plus, il connait le roi personnellement !*

J'allai à mon bureau d'un bond et je me mis à écrire une lettre pour mon tuteur dans laquelle je lui demandai s'il pouvait me rammener le livre intitulé "La prophétie d'Héliand"... Après la rédaction de la lettre, je retournai finir ma nuit déjà bien entammée...

La nuit s'acheva plus tôt que je ne l'espérais, le soleil avait innondé la pièce de lumière et je remarquai que la lettre que j'avais écrite pendant la nuit avait été remplacée par une autre lettre écrite de la main de mon tuteur, Taïros. Il avait inscrit dessus à la hâte :

"Alex, j'espère que ta nuit n'a pas été aussi remuée que d'habitude. Concernant le livre de la prophétie, je vais en discuter avec le roi et je te donnerait sa réponse dès que je la saurais. Ce livre renferme une prophétie à ne pas prendre à la légère et qui nous concerne à l'instant présent. Je ne suis pas sûr que tu l'auras donc dans son intégralité. Passe une agréable journée et ne fais pas de bêtises. Ton ami, Taïros."

Je pris la lettre et la mis dans ma poche. J'allai à la fenêtre et je l'ouvris pour regarder le paysage maintenant éclairé par le soleil : une grande ville se dessinait sous mes yeux, le sol était fait de pavés grisâtres, les maisons en pierres pour la plupart. Un peu plus loin, on pouvait voir l'ancienne ville qui était à moitié en ruines mais qui continuait à être habitée par les personnes n'ayant pas les moyens d'habiter près du château comme mes parents... Je ne savais pas quelle heure il pouvait être mais en voyant la luminosité de l'extérieur, j'aurais dit pas loin de 11h.

Je me décollai du rebord de la chambre et j'en sortis en laissant la fenêtre entre-ouverte. Je me retrouvai alors dans un long couloir comportant plein de chambres qui devaient être pour la plupart vide à cette heure. Je pris la direction des escaliers ce qui m'obligea à passer à l'extérieur et devant la tour où deux soldats en armure montaient la garde. Je leur dis bonjour par politesse au passage mais aucun des deux ne dégna me répondre même pas un signe de tête ; ça m'importait peu, ils réagissaient toujours comme ça de toutes les façons. Les escaliers étaient juste à côté de cette tour et je les emprunta pour redescendre au deuxième étage où il y avait la salle à manger. Ici, je passai par les cuisines et je pris ce dont j'avais besoin pour déjeuner : du lait et des céréales ainsi qu'une cuillère. J'allais m'asseoir sur une chaise à une table de quatre personnes bien que la salle à manger était presque vide : quelques personnes comme moi ne travaillaient pas et se permettaient de faire la grace matinée, d'autres étaient tout simplement ici depuis 8h mais prenaient leur temps pour manger et d'autres encore avaient pour but de surveiller la salle à manger pour qu'il n'y ait pas de litige à l'intérieur. Il devait y avoir une vingtaine de personnes quand je prenais mon petit déjeuner et chacune d'entre elle tournèrent la tête vers moi à mon arrivée mais ne s'attardèrent pas et firent comme si je n'étais pas là.

Tout le monde faisait comme si je n'existais pas depuis que j'étais arrivé : tout le monde était au courant que j'étais issu d'une famille de mandiants et que je vivais tout de même au chateau. Personne ne levait la main sur moi bien que tous en ai envie car la personne qui s'occupait de moi était le cousin du roi et pourrait donc facilement faire emprisonner toute personne essayant de me faire du mal. J'étais ici depuis maintenant 7 ans et je m'y étais habitué si bien que je réagissais même plus à leur provocation. Une chose qui m'avait choquée était que depuis sept années que j'étais dans le château, je n'avais encore jamais vu la princesse ou les princes qui y vivaient et que très rarement le roi : j'avais du le voir deux ou trois fois dans la salle à manger. Le roi avait deux fils de 23 et 21 ans et une fille de 16 ans.

Une fois que j'eus fini mon petit déjeuner, je ne m'attardai pas dans ce lieu qui ne m'étais pas des plus confortables et je retournai dans ma chambre pour me changer. Je préparai mes affaires puis j'allai dans la salle de bain qui était commune à plusieurs chambres de cet étage. Normalement, à cette heure ci, personne n'y était et je pourrais prendre la place. Effectivement, lorsque j'y arrivai, personne n'était dedans et je m'enfermai à clé une fois dedans. Je me lavai et m'habillai sans perdre de temps puis je retournai mettre mes affaires dans ma chambre. Je profitai de l'occasion pour refermer ma fenêtre comme j'en avais l'habitude et j'allai devant un miroir pour coiffer. Dans ce miroir se reflaittait un jeune homme de 17 ans aux cheveux roux et aux yeux bruns prenant parfois des teintes rouges selon la luminosité de la pièce. Je devais mesurer environ 1m60 et ne pesais pas bien lourd si bien que je donnais l'impression d'être un gamin de 10 ans... J'étais habillé d'un haut blanc d'une matière qu'on ne pouvait trouver que dans cette ville qui était légère et très résistante ainsi que d'un pantalon noir banal.

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Une fois que j'eus tenté de me coiffer, j'avais fini toutes mes préparations et je mis mes chaussures pour la finir et aller dans la ville pour aller aider les villageois comme je m'efforçais de le faire sous la commande de mon tuteur... Plusieurs personnes étaient habituées à me voir tous les jours, surtout les personnes agées ou ayant des difficultés à se déplacer. Il était maintenant pas loin de 12H, j'allais partir pour au moins deux heures si bien que je ne pourrais manger que vers 15H, mais j'en avais l'habitude et ça ne me déplaisait guère...

Le soleil tapait fort aujourd'hui et la fine bruime apportait un peu de frais.
Je marchait dans la hâte depuis environ 2 bonnes heures quand j'apperçu enfin, à l'horizon, des fumées criant désespoire en sortant des cheminés à demi-ruines. Les rares personnes qui sortait de chez elles me faisaient un bref salut de la main en me voyant, puis partaient vers les prairies. Une petite pente me faisait face, comme pour me mettre au défi de la monter. Je la montais quand j'aperçus un chien, très maigre, courrant dans tout les sens, un morceau gras de viande dans sa gueule.

Je m'avançais vers une maison au toit démolis et aux murs râpeux, de laquelle sortie une personne asser agé, d'après sa démache et ses traits ridés. Le "vieux" marchait lentement, s'accrochait à tous les support fiable qui croisait son regard jusqu'à se qu'il me vit et m'attrapa le bras gauche. Je le soutenais tout en prenant soins de ne pas le laisser m'arracher le bras. Avec sa tête, il designa un puit, comme pour me dire de l'emmener là-bas. Sans hésiter, je le prend le bras gauche et le passe sur mes épaules, enfin qu'il ai un bon appuis. J'essayait de marcher, malgrès quelques difficultées, tout en prenant garde à ne pas lacher l'homme.
Enfin, nous arrivâmes devant le puit. Il était en aussi piteux état que la maison. Je lacha l'homme pour qu'il puisse s'agriper au murret du puit. Il tira la chaine, pris le seau d'eau et me le tendis. Une eau claire remuait dedans. Je pris une gorgée. L'homme parti puis je partis, trouver une autre personne qui aurai besoin d'une évantuelle aide. La journée défila sous mes yeux. Vers 17H, je quitta, d'un pas ferme, le village, pour retourner dans le château. La route parraissait longue, très longue mais je m'y faisais depuis le temps.

Alors que je marchais depuis, à peu près trentes minutes, je m'assis contre le tronc d'un arbre mort, afin de me mettre un peu à l'ombre. Mes yeux voulaient se fermer mais j'y resista. C'est alors que je pensais à cette femme, dans mon rêve... Qui pouvait telle être? pourquoi était t'elle là-bas?et cet homme? des dizaines de questions prennaient place dans ma tête... Les images de cette gueurres firent horreur à mes yeux. Je me repris en main, une larme coulant le long de mon visage. Taïros était le seul qui pouvait m'aider à comprendre, grâce à la prophétie.
Après avoir franchis le pont levis du château et rejoinds mon "logis", je me coucha. Les yeux fermer je refis le cauchemard...

Le matin mon visage était en sueur. comme d'habitude. Je m'assis sur le bord du lit, passa mes mains sur mon visage puis me leva pour aller à la fenêtre. Le ciel était orangé/violet, un spectable vraiment superbe: Le levé du soleil. Je jetta un bref regard sur la couche de Taïros,qui n'était surement pas revenu cet nuit, d'après le drap. Je m'appretait à reprendre mon sommeil quand j'aperçu Taïros sur le seuil. Il me fis bonjours de la main. Son visage était bleme, ses cheveux d'un brun intense était ébourifés, ses yeux d'un noir profond. Il retira une mèche de ses cheveux qui tombait sur ses yeux puis, ll alla à la fenêtre.

- Alex... fais-tu toujours ce rêve? dis t'il doucement

Je hocha la tête

- Humm... ,bafouilla t'il...

Il s'avanca vers moi puis s'assis sur le bord de mon lit... près à parler

La journée qui s’annonçait encore une fois allait se montrer passablement ennuyeuse comme toutes les autres. Mon tuteur avait néanmoins eu l’occasion de me surprendre de sa présence en cette matinée puisqu’il était venu. Son tin était blême, son visage fatigué mais ses yeux sombres et ses cheveux bruns en bataille restaient les mêmes. Il vint s’asseoir sur mon lit et je pus remarquer qu’il avait un livre dans la main mais je n’eus pas le temps de voir de quel livre il s’agissait, peut être de celui que je lui avais parlé dans la lettre. Après qu’il m’ai demandé si j’avais encore fait ce cauchemar, même sans réponse orale, il avait tout de suite compris et on pouvait voir avec son visage qu’il savait quelque chose qu’il refusait de me dire tout simplement. De quoi pourrait-il vouloir me parler s’il était venu à l’heure de mon réveil, s’il était venu perdre de son temps précieux avec moi... J’attendais pour qu’il me le dise mais il semblait réfléchir à ses mots, devais-je briser ce silence pour lui demander moi même ? Peut être que se serait plus simple pour lui en plus. Je pris donc une inspiration pour parler lorsqu’il me la coupa en engageant la conversation, finalement il préférait parler en premier...

« Cette prophétie que tu m’as demandée dans ta lettre d’hier. Je n’ai pas pu me la procurer dans son intégralité mais j’ai cru comprendre que tu l’avais déjà lue. J’ai repris le livre mais le roi a tenu à garder certaines pages secrètes car il semblerait que tu dois le découvrir par toi même selon lui. Il m’a cependant convier à t’inviter dès lors à son trône pour un entretien en privé avec toi. Je ne sais pas pourquoi il réagit comme ça, je ne connais pas plus que toi la prophétie d’Héliand. Le roi est le seul à connaître l’intégralité de la prophétie et c’est peut être pour ça qu’il te convoque... »

Il s’arrêta de parler comme pour me laisser reprendre mon souffle suite à ses dires. Pourquoi le roi voudrait me parler alors que je ne l’ai jamais approché, alors que lui même ne doit pas me connaître ? Taïros se releva de mon lit et il reprit sans forcément attendre de réponse :

« Si tu es prêt, je vais t’y amener Alex. »

Bien entendu, je n’étais pas prêt. Je n’étais même pas habillé et je lui répondis à la hâte :

« Je serais prêt dans quelques minutes, juste le temps de m’habiller ! »

J’étais maintenant à l’autre bout de la pièce à mettre mes vêtements rapidement pour ne pas me faire attendre et, une fois habillé, je regardai si je n’avais rien d’autre. Après un tour de la chambre, je me déplaçai jusqu’à l’entrée relativement tendu et Taïros me dit dans un sourire :

« Ne t’en fais pas, le roi n’est pas méchant. Il ne te mangera pas si tu n’es pas à l’heure. Allez, viens ! »

Je me mis donc à suivre mon tuteur sur le même chemin que je prenais tous les matins mais cette fois la réaction des personnes qui me crachaient dessus habituellement était toute autre et elle le fut encore plus lorsqu’ils me virent emprunter le passage de la tour : toute personne entrant dans la tour allait voir le roi puisqu’il ne s’agissait que du domaine royal, l’endroit où sa majesté et son entourage mangeait, dormait et vivait. La tour était montait en colimaçon pendant longtemps, mais on pouvait voir à sa base qu’elle était assez grande. On arriva au sommet suite à une dizaine de minutes de marche depuis la sortie de la chambre et le couloir dans lequel on était menait à deux portes immenses et bien ornées. Taïros avait l’habitude de ce genre de porte car il en ouvrit une avant de rentrer et de me tenir la porte ouverte sur l’extérieur de la pièce. J’entrai dans cette pièce et je pu voir une sorte de salle à manger comme on en trouverait dans les maisons des nobles de par sa luxure et sa taille. Elle était cependant vide d’homme mais ce n’est pas ce qui me dérangeait, j’avais tellement le trac de rencontrer le roi que moins je voyais de monde, mieux se serait. De nouvelles paroles arrivèrent à mes oreilles :

« Détends-toi Alex, le roi ne te mangera pas si tu fais comme si tu me parlais à moi ! En plus, tu seras seul avec lui. Il n’y a aucun risque qu’il essaie de t’humilier, t’en fait pas. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de mon tuteur, était-ce un sourire moqueur ou un sourire sincère ? Quoi qu’il en soit, il avait réussi à me rassurer et même à me faire sourire. Mais ça ne dura que très peu de temps jusqu’à ce qu’on arrive devant une nouvelle porte qu’il ouvrit. Des voix retentissaient jusqu’aux oreilles des deux arrivants, une dispute avait lieux et Taïros me dit de rester à la porte en attendant qu’il aille prévenir le roi de mon arrivée. La porte se referma alors camouflant tous les sons, elle était bien insonorisée cette pièce dans tous les cas. Je profitai de ce moment de calme pour regarder un peu partout dans la pièce de vie, la pièce principale visiblement, il n’y avait pas grand chose de plus que dans les maisons en tout cas : les différences se faisait surtout à l’ornementation qui était digne d’une famille royale et à la quantité innombrable de livres qu’il y avait un peu partout dans la pièce.

La porte ne tarda pas à se réouvrir mais ce n’était pas Taïros qui en était sorti, il s’agissait d’un garçon d’une vingtaine d’années qui pouvait s’apparenter à l’aîné du roi : celui qui avait certainement provoqué une gueulante dans la pièce en voyant le regard de tueur qu’il venait de me faire. De la fumée aurait pu sortir par ses narines et sa bouches tandis qu’il cracherait des flammes tel un dragon mais il se contenta d’entrer dans une autre pièce en faisant claquer la porte. La porte s’ouvrit une nouvelle fois, mais ce ne fut toujours pas la personne que j’attendais : il s’agissait du deuxième fils du roi qui, lui, semblait être plus poli et bien plus apte à parler calmement. Il me salua même d’un signe de main en me disant :

« Salut Alex, bon courage, père vient de péter un plomb sur Aguares... »

Probablement que Aguares était la personne qui était sortie juste avant lui, d’ailleurs il prit le même chemin que cette personne sans s’occuper de la réponse que j’aurais pu lui donner pour le saluer en retour si seulement je n’avais pas la langue liée par la stupeur. Il était prince et pourtant, il parlait un langage commun à tout le monde. Peut être que je m’étais fait une fausse idée de la manière de réagir d’un prince finalement...

Pour la troisième fois, la porte s’ouvrit et, cette fois, se fut la personne que j’attendais qui m’invita à rentrer avec ces mots :

« C’est bon, le roi va te recevoir. Juste un conseil : parle lorsqu’il te le demande. Si tu restes muet, il pourra croire que tu te moques de ce qu’il te raconte... »

Comment mettre la pression ? Je rentrais encore plus tendu que lorsqu’il m’avait annoncé que je devais aller voir le roi et il m’accompagna dans la pièce où il y avait un grand fauteuil sur lequel il était assis : son trône. Il y avait deux lits dans cette pièce, un sur la droite et un sur la gauche de ce trône. Une fenêtre était sur la droite entre le mur et le pied du lit. Je remarquai aussi une jeune fille assise sur le bord du lit le plus proche de la fenêtre, la ressemblance avec la fille de mon rêve était frappante, on aurait dit que c’était elle avec une dizaine d’années de moins. Voyant que je la regardais, elle me fit un sourire léger et je détournai le regard en comprenant que je venais de la regarder comme on regarderait un animal de cirque. Le roi dit alors d’une voix probablement aussi tendue que la mienne mais par le fait qu’il venait de se quereller avec son fils :

« Merci Taïros, tu veux bien aller m’attendre dehors avec Eléonore ? »

D’un signe de tête affirmatif, mon tuteur attendit que la jeune fille vienne le rejoindre et ils partirent tous les deux vers la sortie. La princesse passa juste devant moi, elle était un peu plus grande que moi avec de très long cheveux noirs descendant jusqu’en bas du dos. Elle avait des yeux bleus brillants avec un visage lisse. Elle était habillée d’une robe bleu ciel recouverte par un pull blanc ouvert et avec des manches courtes. Le roi attendit que sa fille et son frère soient sortis pour pouvoir prendre enfin la parole, j’en avais profité pour le regarder lui aussi : il était habillé de bottes marron, d’un uniforme d’une étrange matière et de couleur rouge et jaune. Ses yeux étaient bleus aussi mais il avait les mêmes cheveux bruns que Taïros cependant bien mieux coiffés que mon tuteur. Après avoir entendu la porte claquer, le roi prit directement la parole :

« Je pense que tu te demandes pourquoi je m’intéresse à toi Alex. Je n’ai rien dit à Taïros non plus mais je pressens qu’il s’en doute. Personne ne peut nous entendre, je vais donc pouvoir t’expliquer la raison de ta venue ici. Tu te posais des questions concernant la prophétie d’Héliand, prophétie millénaire dont tu rêves fréquemment d’après ce que j’ai pu comprendre. Une partie de cette histoire fut transmise de génération en génération mais restait inconnue au public, maintenant plus que dans le passé puisque le millénaire vient de prendre fin et je suis le premier roi concerné par la partie secrète de la légende. Tu es également concerné il semblerait. Je vais donc te raconter ce que j’aurais du dire à ma descendance... Mais installe toi avant parce que ça risque d’être long et éprouvant pour toi... »

Le roi montra une chaise de sa main non loin du lit sur ma gauche et je la pris pour la mettre en face de lui et j’attendis qu’il reprenne la parole, chose qu’il fit peu de temps après en regardant dans des feuilles qu’il avait arrachée d’un livre. Des feuilles jaunies par le temps mais conservées par la magie probablement.

« Je suppose que tu connais le début de la prophétie au moins et que tu sais que l’ancien royaume qui fut jadis appelé Héliand est maintenant englouti sous le mien. Les sables du désert torride qui était jadis sur Héliand est désormais sous le royaume de Hylatil. Tu as vu dans tes rêves la fin de la guerre de la magie je suppose. Ce dont la prophétie mentionne : que de la mort de deux forces opposées, la guerre prit fin comme elle avait commencée. La suite de cette légende raconte que les deux mages qui avaient tout détruit étaient morts ensemble peu de temps après sur un sable devenu noir et blanc. Mais leur puissance magique était si puissante qu’elle continuait à subsister au travers de leur esprit au fil des siècles. La partie qui nous concerne de cette prophétie est la suite... »

Il tourna une des trois pages qu’il avait dans les mains et se mit à lire directement ce qui était d’inscrit sur cette feuille :

« La mort de leur corps ne signifia pas la mort de leur esprit, ils parcourront un cumul de cent décennies, dix siècles ou encore un millénaire jour pour jour avant de se réincarner dans le détenteur de l’avenir, des yeux qui tout comme ceux du temps peuvent prédire le futur comme voir le passé, des yeux qui auront vu la mort de Héliand mais la renaissance des esprits des héros qui mirent fin au règne du Chaos. »

Je réfléchissais à ce que je venais d’entendre, avec simplement des mots, il ne m’était pas simple de savoir ce que le roi voulait dire, il m’aurait fallu avoir les lettres avec. Mais d’après ce que j’avais compris, il se pourrait que les deux mages se soient réincarnés dans une personne de maintenant. Je n’ajoutai rien et attendit que le roi reprenne la parole pour savoir la suite de ce qu’il dirait. Ce dernier tourna alors la page en reprenant :

« Vois-tu Alex, il y a une liste du caractère des deux personnages de cette prophétie, et une liste des visions possibles par les personnes qui seront touchées par cette réincarnation. L’une d’entre elle correspond à ce que tu as vu. Je ne te connais pas et je ne pourrais dire si tu as le même caractère que le chevalier noir qui a utilisé le puissant sort de l’anéantissement total mais je suis quasiment sûr que Arkh c’est réincarné en toi à ta naissance. Je ne pense pas que tu sois arrivé au château complètement au hasard et il doit y avoir une chose de liée à cette arrivée... Maintenant que nous savons que tu es l’héritier du pouvoir de ce chevalier noir, j’ai une question à te poser... As-tu déjà fait de la magie ? »

Cette révélation ne me fit ni chaud ni froid, je n’étais pas du genre à croire aux superstition ni aux légendes bien que je m’y intéressais. La question du roi me semblait être piégée mais je répondis en toute franchise en tentant de mettre ma nervosité de côté.

« Je... Non, je ne sais pas faire de magie, je n’en ai jamais fait... »

Le roi eut l’air déçu mais il s’agissait simplement d’un instant de réflexion pour lui avant qu’il ne reprenne la parole toujours l’air sérieux :

« Je vois, tu as déjà vu pendant ton sommeil, une chose qui allait se produire dans la journée et qui s’est réellement produite ? »

Tout comme la première question, je ne pouvais y répondre à l’affirmative et je me contentai de faire un non de la tête en disant :

« Je n’ai simplement vu que la bataille comme si j’y étais en tant qu’esprit. La fin de la bataille a été provoquée par un homme en armure et une femme en blanc. Mais si cette légende est fondée, je ne peux pas dire que se soit l’avenir... »

Le roi se leva enfin de son siège pour venir tout près de moi ce qui me troubla. Je ne savais plus quoi faire d’autre que de le regarder s’appuyer sur ma chaise et me demander de toute sa hauteur avec les mains sur les hanches :

« Ce que tu dis là peut avoir son importance pour savoir en qui Luna s’est réincarnée... Tu n’as pas pu voir le visage de Arkh puisqu’il était sous une armure. Mais comment était Luna, as-tu vu dans le château une personne qui lui ressemblait ? »

Simple coïncidence ? Ce roi pouvait-il lire dans les pensées ? C’était l’impression qu’il donnait en tout cas... Je ne pouvais lui mentir de toutes façons et je lui expliquai alors :

« Votre fille ressemble physiquement à cette personne mais elle n’avait que la même morphologie et le même regard. Celle que j’ai vu dans mes rêves était entièrement en blanc, ses cheveux comme ses yeux et ses vêtements. »

Le roi semblait prendre bien plus d’intérêt qu’au début aux paroles que je donnais. Il me fit signe de le suivre et il s’arrêta devant une armoire qu’il ouvrit sans y toucher ce qui m’ébahit. Il en sorti un dessin et me le passa, la fille qui était dessus était celle de mon rêve, ça n’en faisait aucun doute, elle était exactement pareil. Reprenant la parole, le roi me dit alors :

« Il s’agit d’un dessin de Eléonore, lorsqu’elle l’eu achevé, elle m’avait dit qu’elle s’était elle même dessiné telle qu’elle se verrait si elle devenait reine un jour. La différence est frappante mais est-ce la personne de ton rêve ? »

Je fis un oui de la tête et confirmai donc ce que le roi pensait en disant qu’il serait sans doute le principal concerné. Contrairement à elle, j’avais fait des rêves de cette époque, elle n’avait simplement reflété ses souvenirs par des dessins visiblement. Le roi resta silencieux cette fois et rangea le dessin. Il fit ensuite les cents pas tout en réfléchissant, je ne savais pas quoi dire ou quoi faire alors je restais sur place à attendre qu’il reprenne la parole mais ce n’est pas ce qui arriva en premier. Des coups dans la porte vinrent alerter la concentration du roi qui invita alors la personne à entrer, il s’agissait d’un garde qui dit aussitôt en arrivant :

« Majesté, toutes mes excuses pour cette interruption, une personne demande à vous voir. Dois-je lui dire de repasser ? »
« Non, dites lui que je vais la recevoir dans une dizaine de minutes. »
« Bien majesté... »

Le roi attendit que la porte se referme et dit alors :

« Une chose est sûre, la prophétie se réalise depuis maintenant seize ans sous mon nez et je ne m’y étais pas préparé. Je vais donc y réfléchir et te tenir au courant de ce que nous ferons. Il y a une chose que tu dois savoir cependant... La prophétie mentionne que dès que les deux réincarnations seront faites, une nouvelle guerre ne tardera pas à arriver sur le royaume d’Héliand, il va donc falloir te préparer à un apprentissage de la magie. Si ce que tu me dis se trouve vérifié, ma fille risque d’apprendre elle aussi la magie puisqu’elle ne sait pas encore comment l’utiliser. Une chose est sûre, l’utilisation de la magie est si fatigante qu’une personne normale ne peut pas faire un sort sans se fatiguer lui même autant que la cible touchée par le sort. Moi même, je ne peux pas faire ce que je veux avec la magie et je me contente d’ouvrir ou fermer des portes sans serrure... Tu es donc averti. Je te laisse retourner dans tes appartements. Il va être l’heure de manger je pense là... Tu devrais y aller. Je pense que je te convoquerais une nouvelle fois dans les prochains jours une fois que j’aurais pris ma décision... »

Je fis un signe de tête affirmatif et la porte s’ouvrit à la volée cette fois, le fils aîné du roi entra et il ne dit pas un mot, il se contenta d’envoyer une boule de flamme sur son père, boule qui fut arrêtée comme par un champ de force qui l’avait absorbé. Le roi dit alors :

« Alex, au plaisir de te revoir... »

Ça voulait tout dire, je partis alors rapidement de la pièce où ça commençait à sentir le roussi et je me retrouvais à l’extérieur où Taïros m’attendait en parlant avec Eléonore. Personne ne me parla en sortant et la jeune fille dit alors :

« Je vais voir ce qu’il se passe, je crains que Aguares ne refasse des siennes... Il va finir par se faire tuer par son propre père s’il continue à le provoquer de la sorte ! »
« Il est orgueilleux et avide de puissance mais c’est un bon guerrier, je ne pense pas qu’il ne se fasse tuer mais il causera sûrement sa dose de problème dans le château... Bonne journée Elie en tout cas, gardes le à l’œil ! »
« Pas de risque qu’il fasse de bêtise tant que je serais là de toutes façons ! »

Elle repartit alors dans la pièce d’où je venais en me souriant sur le passage et je rejoignis mon tuteur qui se remit en route vers la chambre. Il attendrait sans doute que je lui explique ce que je venais d’apprendre mais il devra attendre d’être dans la chambre pour que je puisse lui expliquer sans craindre qu’une personne ne m’écoute...

Taïros poussa un soupir. Nous étions tous les deux assis sur des chaises dans la chambre. Je venais de lui raconter tout mon entretient avec le Roi. Je faisais entièrement confiance à mon tuteur et ne lui avait rien caché.

- Alors c’est comme ça... Alex, je suis désolé pour toi.
- Non, non ! Ne soyez pas désolé ! Enfin... je veux dire... ce n’est pas de votre faute. Et puis... rien ne prouve que je sois bien la réincarnation de ce chevalier noir... Peut-être que c’est juste une coïncidence, ou peut-être que je suis une troisième personne...

Je me tus un instant. Mon tuteur se releva et posa sa main sur mon épaule. Ma voix se fit plus faible.

- Je n’ai pas l’impression d’être cette personne. Il y avait tant de ténèbres autour d’elle... Je ne pense pas être comme ça, non ? J’ai suivi votre apprentissage, tous les jours j’ai aidé les villageois. Je ne l’aurais pas fait, si j’étais un chevalier noir à la tête d’une armée de morts. N’est-ce pas ?

Taïros détourna son regard avant de reprendre la parole, marchant dans la pièce éclairée par les rayons du soleil. Sa voix était emplie d’incertitude, mêlé de tristesse.

- Je ne sais pas. Je ne sais rien de ce qui va arriver. Peut-être, en effet, que tu n’es pas cette personne, ou alors, peut-être qu’elle ne s’est pas encore réveillée. Je ne sais vraiment rien. Si cette prophétie à une suite, seule le Roi doit le savoir. Qui, sait, elle dit peut-être que tu vas devenir le nouveau Héro d’Hylatil !

Il me regardait avec un sourire, masquant sa peine. Puis il revint vers moi, me regardait dans les yeux, les deux mains posées sur mes épaules.

- Mais ce qui me chagrine le plus, c’est que si c’est vrai, alors la guerre va revenir, et tu iras te battre, comme un combattant, comme un mage. Cela fait sept ans que tu vis ici, et j’ai fini par te voir comme mon propre enfant. Aucun parent ne souhaite que leur enfant ne voie la guerre.

Un bruit sourd venant de derrière mon tuteur interrompit la discussion. Quelqu’un frappait à la lourde porte en chêne. L’homme se retourna vers la porte et parla d’une voix bien plus ferme que lors de notre discussion.

- Entrez !
- Pardonnez-moi mon Seigneur, mais le Roi vous demande.

Ce n’était qu’un simple serviteur portant les armoiries de la famille royale.

- Bon, je vais y aller alors Alex. Ne m’attends pas pour manger, je ne sais pas combien de temps je serai absent. Enfin, c’est comme d’habitude...

Taïros me regarda avec un sourire puis sortit. Le serviteur le remercia d’avoir répondu rapidement puis le précéda dans le couloir. La porte se referma derrière lui, me laissant seul dans la chambre. Seul avec mes pensées se bousculant dans ma tête. Seul, avec une voix qui venait du tréfond de mon âme et qui m’appelait, sans cesse, prononçant mon nom comme les remous des vagues sur la plage.

La voix ne resta que quelques minutes. Mais c’était suffisant pour m’inquiéter. J’entendais des voix maintenant... Une voix masculine, du moins en apparence. Arkh ? Non, c’était impossible. Je me laissa tomber sur mon lit en soupirant. Un bon côté, j’avais enfin appris la suite de la légende, mais si elle était vraie, alors je n’étais pu si sûr que ce soit une bonne idée que je la connaisse... Et cette voix, est-ce mon imagination ? Je levai les mains vers le plafond et les regardais. « il va donc falloir te préparer à un apprentissage de la magie »... Moi ? Apprendre la magie ? Je souris. La situation était tellement invraisemblable ! Je me redressai et regardai de nouveau mes mains. Si je peux faire de la magie, alors il me suffit de vouloir faire de la lumière dans mes mains et ça marchera c’est ça ? J’esquissais un sourire dubitatif.

- Soyons sérieux.

Je fermai les yeux et me concentrai fortement sur mes mains en imaginant de la lumière dans la paume de ma main. Puis je rouvris les yeux. Rien. Il n’y avait strictement rien. Je poussai alors un cri.

- Lumière !

Rien, encore et toujours rien. Je me relaissai tomber en arrière.

- Je le savais. Je ne suis pas capable de faire de la magie.

Mes pensées vagabondaient entre toutes les informations que j’avais apprises aujourd’hui. Je me sentais vidé, et je n’offris aucune résistance quand le sommeil menaça de m’emporter loin de ma chambre.
Je rouvris les yeux sur le champ de bataille. Le même que d’habitude, le même ciel, les mêmes protagonistes. Je revis une fois de plus l’apparition de ces deux êtres et la lumière blanche et les ténèbres. Mais au moment où l’impact allait avoir lieu, le chevalier me regarda, droit dans les yeux.
Je me réveillai en sursaut. J’étais en sueur. Dehors, la nuit était tombée depuis longtemps. Je ne savais pas combien de temps j’avais dormi, mais il y avait un fort risque que je n’ai raté le repas. Et si j’allais dans les cuisines maintenant, on me renverrait immédiatement dans ma chambre... Je poussai un soupir en tournant la tête. Mon regard se posa alors sur la couche de mon maître. Il n’était toujours pas rentré...

- Je me demande bien ce qui a pu le retenir aussi longtemps avec le roi...

Je me posais cette question quand on frappa à la porte. Je répondis d’une voix forte.

- Taïros n’est pas là.

Ce fut une voix de jeune femme qui me répondit.

- Ce n’est pas mon Seigneur Taïros que je viens cherché. Le roi me demandé de quérir le Seigneur Alex. Il demande à vous voir.

Seigneur Alex ?! J’avais du mal entendre... Je me levai d’un bond et alla à la porte que j’ouvris d’un mouvement brusque. Une jeune servante attendait devant.

- Vous avez bien le Seigneur Alex ?
- Oui mon Seigneur, le Roi a demandé de vous parler comme si vous étiez un membre de la famille royal à partir de maintenant.

Je la regardai avec de grands yeux.

- Si vous voulez bien, le Roi vous attend.

Elle m’indiquait le couloir de ses mains.

- Ah oui, bien sur. Bien sur... Je viens de suite.

Je me passai la main dans les cheveux pour les remettre en place et la suivie. Elle me ramena devant la salle du trône. Là, un garde frappa à la porte et m’annonça. J’entendis une réponse affirmative, et le garde ouvrit la porte, me laissant pénétré de nouveau dans la grande salle.
La première chose que je vis fut que Taïros n’était pas là. Je dus afficher une mine déçu puisque le roi m’interpella.

- Tu t’attendais à le voir ? C’est normal... Mais tu ne pourras pas le revoir avant un certain temps maintenant.
- Comment ça ?
- Alex, j’ai une grave nouvelle à t’annoncer. Une nouvelle qui m’oblige à prendre mes décisions plus rapidement que je ne l’escomptais. La guerre. La guerre est aux portes du royaume. Nos voisins ont regroupés une armée pour nous attaquer. J’ai donc envoyé mon neveu pour me représenter. Il a dû partir sur le champ, il m’a demandé de te dire qu’il était désolé de ne pouvoir te dire au revoir, et qu’il avait très confiance en toi, quoi qu’il arrive.
- La guerre...
- Oui, la guerre. Et dans ces conditions, je te demande de t’atteler dès demain à l’apprentissage de la magie. Nous allons avoir besoin de toutes nos armes, et tu es l’une d’elle. Désolé d’être aussi sec, mais la survie du royaume risque d’en dépendre. Et puis, le peuple compte sur moi. C’est mon devoir, en tant que Roi.

Je restais muet. La guerre, la magie, et par-dessus tout, le départ de mon tuteur. Alors que j’avais vraiment besoin de lui à ce moment... Je me retournai, sans y penser vraiment. Mes pieds se dirigeaient tous seuls vers la porte. Je voulais quitter cette salle et retourner dans ma chambre. Le roi sembla le comprendre car il ne m’arrêta pas. De toute façon, même s’il avait essayé, je crois que je ne l’aurai pas entendu, trop de chose se bousculait dans ma tête. Juste avant que je ne franchisse la porte, il reprit pourtant la parole.

- J’oubliais, afin de justifier aux yeux de tous ton apprentissage, et aussi de manière à ce que les gens du château te respectent un peu plus, j’ai fait transmettre le message que tu étais dorénavant comme un de mes neveux. Bien sur, cela est seulement pour ton apprentissage et ne te donne pas les privilèges de membres de la famille royale, mais cela devrait calmer les ardeurs de la plupart des personnes.

Je gardai le silence, ne jetant même pas un regard au roi, et sortit de la salle.

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